Le Promeneur du Champ de Mars

 

Un film de Robert Guédiguian

 

D’après le livre de Georges-Marc Benamou, Le Dernier Mitterand.

 

Avec Michel Bouquet, Jalil Lespert, Philippe Fretun, Anne Cantineau, Sarah Grappin, Catherine Salviat, Philippe Le Mercier, Serge Kribus

 

 

Le cinéma français n’a jamais « osé » montrer ses dirigeants politiques, ou si peu. Pourtant, l’Histoire de France recèle de grands hommes de pouvoir qui fascinent, qu’on les aime ou qu’on les déteste.

 

Mitterrand était l’un d’eux, l’un de ses grands hommes qui ont marqué notre Histoire, tout en étant à la fois haï et aimé.

 

Guédiguian a délaissé Marseille et ses gueules favorites pour relater les derniers moments de la vie de Mitterand, tels qu’ils ont été perçus par Georges-Marc Benamou, confident du président.

Très controversé, le livre du journaliste est pourtant un des témoignages les plus intéressants sur l’homme, sur le déclin de son pouvoir, de sa vie…

 

Guédiguian a choisi de mettre en scène cette histoire de manière intimiste, sans grands effets de réalisation, laissant la place aux dialogues et aux hommes, à la qualité de l’interprétation.

 

Car c’est bien l’interprétation de Michel Bouquet en Mitterrand qui est l’âme du film. Sans artifice physique, Bouquet est devenu Mitterrand. Nul besoin du mimétisme physique, Bouquet s’est imprégné de Mitterrand, de cette émotion qui emplissait son regard, cette fascination qu’il exerçait naturellement sur ceux qui l’entouraient. Bouquet a trouvé un rôle à la mesure de son talent, quelqu’un qui séduit et fascine. Un rôle qui restera sans doute l’un de ses plus marquants, dans cette carrière déjà si riche.

 

Face à lui, Jalil Lespert, le candide, le journaliste. Celui qui admire, qui est fasciné et qui essaye en même temps de percer les secrets de l’homme, de le comprendre avant qu’il ne meurt, de le pousser dans ses retranchements, parfois lâchement pour obtenir l’information.

Jalil Lespert sans sort avec bien plus que les honneurs avec ce rôle d’Antoine, celui de Georges-Marc Benamou dans la vie.

 

Les seconds rôles se font discrets mais sont pourtant là, comme une famille indivisible à l’orée de la mort.

 

Sans parti pris, ni jugement, Guédiguian a livré sa vision de l’homme, avec la sincérité et la volonté de faire découvrir qui Mitterrand était, ce qu’il représentait pour les classes ouvrières, son charisme malgré la maladie qui le rongeait.

 

Loin des films politiques américains, complètement différents, plus radicaux, passionnés, spectaculaires, Guédiguian a pris le parti de l’intime, et ce n’en est que plus juste et efficace. Le Promeneur du Champ de Mars dégage le parfum d’un classique, qui espérons le saura inspirer d’autres cinéastes courageux pour mieux faire connaître notre Histoire, la populariser sans pour autant la dramatiser ou la fausser.

 

Un film à voir pour Michel Bouquet, pour apprendre ou avoir envie d’en savoir plus sur une période qui reste marquante pour la France, que l’on ait aimé ou détesté Mitterrand.

 

 

Arnaud Meunier

09/02/2005